Laboratoire d'archéologie du Québec
< RETOUR À LA RECHERCHE
Assiette. DessusImage
Photo : Julie Toupin 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Assiette. DessousImage
Photo : Julie Toupin 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Assiette. Détail de la marqueImage
Photo : Julie Toupin 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

LOCALISATION

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

BjFj-4 > Opération 23 > Sous-opération A > Lot 27 > Numéro de catalogue 602

Contexte(s) archéologique(s)

Incendie
Institutionnel
Marché
Parlement

Région administrative

Montréal

MRC

Montréal

Municipalité

Montréal

Fonction du site

domestique
commerciale
technologique
institutionnelle

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

L'assiette a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car elle témoigne de la prise de repas au parlement de la province du Canada entre 1844 et 1849. Elle offre aussi un exemple d'une pièce d'un service de table du XIXe siècle.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

L'assiette en terre cuite fine blanche est fabriquée en Angleterre dans la région du Staffordshire dans les années 1840. Elle constitue une pièce d'un service de table nommé « Japanese » par le manufacturier. Son décor imprimé en bleu au décalque s'apparente toutefois davantage à un décor romantique que japonisant, avec des éléments à la fois exotiques et européens. En effet, les motifs romantiques du milieu du XIXe siècle se caractérisent par des éléments communs, soit la présence d'une étendue d'eau au centre du paysage sur lequel flottent une ou plusieurs embarcations transportant des passagers. Ce plan d'eau est entouré de bâtiments à l'architecture exotique ou européenne à l'intérieur d'un panorama arboré. La bordure du motif, identique pour toutes les formes de contenants, est composée d'écus ornés de losanges bleus aux coins, intercalés d'arrangements floraux surmontés de lambrequins et de vermicelles. Cette mise en scène qui évoque un paysage idyllique ne fait référence à aucun lieu particulier. Dès 1842, le passage de la loi sur les droits d'auteur interdit aux potiers de réutiliser des gravures existantes, une pratique jusqu'alors répandue. Ces artisans sont alors contraints de déployer un effort d'imagination considérable.

L'assiette servant à consommer les aliments solides lors des repas constitue la plus grande des assiettes du service « Japanese ». Cet ensemble offre d'ailleurs un bel exemple des services à dîner disponibles au cours des années 1840. Il se compose de 12 éléments distincts avec un décor qui varie selon la forme. Il comporte quatre formats d'assiette, allant de la petite assiette à pain à l'assiette creuse pour les mets plus liquides, sept types de plats et un ustensile utilisé pour le service. Les plats varient de grands plateaux de service utilisés au centre de la table à des objets à usage spécifique, comme les légumiers, les plats à sauces et les soupières.

L'assiette, qui trouve sa place dans un service « Japanese » mis au jour dans la portion sud du corps central, a sans doute été utilisée sur les tables de la buvette du parlement, au premier étage. Dans le même secteur, un deuxième ensemble en porcelaine destiné quant à lui au déjeuner a été trouvé. L'absence de cuisine dans l'enceinte du bâtiment laisse supposer que la buvette est prise en charge par un concessionnaire, tel un traiteur aujourd'hui. La clientèle de cette salle à manger est probablement formée de visiteurs, de parlementaires et de fonctionnaires qui viennent s'y restaurer pour le déjeuner ou le repas de mi-journée.

Dès le début du XIXe siècle, le marché de la céramique se caractérise par une diversité et une abondance des formes disponibles sur le marché, traduisant les mutations de l'époque dans les arts de la table. Cette diversification est à l'image des nouvelles habitudes alimentaires qui s'expriment à la table à dîner, avec notamment l'usage d'un couvert individualisé. La multiplication des formes témoigne quant à elle de la diversification des plats présentés. La présence d'un tel service à la buvette du parlement nous indique que la clientèle est bien au fait de ces nouvelles habitudes. Chaque forme identifiée du service « Japanese » possède une utilité particulière et son utilisation se limite à un seul type d'aliment au moment approprié du repas.

Une grande partie du service « Japanese » mis au jour au parlement a été altérée par le feu. Seuls quelques exemplaires sont demeurés intacts. L'assiette a été mise au jour lors des fouilles archéologiques de 2013 dans les décombres du corps central sud du parlement. Avant l'incendie du 25 avril 1849, un grand hall occupait le rez-de-chaussée du corps central, tandis que les buvettes et le bureau du sergent d'armes étaient aménagés au premier étage. Au deuxième étage se trouvait la bibliothèque de l'Assemblée législative.

L'assiette a été restaurée en 2016.

RÉFÉRENCES

Ethnoscop inc. Fouilles, sondages et surveillance archéologique sur la Place d'Youville Ouest, site du Marché-Sainte-Anne-et-du-Parlement-du-Canada-Uni (BjFj-4). Rapport de recherche archéologique [document inédit], Pointe-à-Callière/MCCQ/Ville de Montréal, 2018. 78 p.
Ethnoscop inc. Le site archéologique du Marché-Sainte-Anne-et-du Parlement du Canada-Uni. Synthèse. Rapport de recherche archéologique [document inédit], 2019. s.p.
Ethnoscop inc. Marché Sainte-Anne/Parlement du Canada-Uni, Montréal (BjFj-4). Campagne de fouilles de 2013. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Quartier international/Pointe-à-Callière/Ville de Montréal/MCC, 2014. 50 p.
Ethnoscop inc. Marché Sainte-Anne/Parlement du Canada-Uni, Montréal (BjFj-4). Fouilles archéologiques, 2011. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Quartier international/Pointe-à-Callière/Ville de Montréal/MCCCF, 2012. 90 p.
WILLIAMS, Petra. Staffordshire, Romantic Transfer Patterns : Cup Plates and Early Victorian China. Jeffersontown, Fountain House East, 1978. 763 p.