Laboratoire d'archéologie du Québec
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PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

16G > Opération 4 > Sous-opération T > Lot 7 > Numéro de catalogue 1Q
BiFh-10 > Opération 4 > Sous-opération T > Lot 7 > Numéro de catalogue 1Q

Contexte(s) archéologique(s)

Fort

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Le fragment de couteau de table a été sélectionné pour la collection archéologique de référence du Québec, car il témoigne de l'alimentation dans les postes frontaliers. Le caractère polyvalent des couteaux en fait un ustensile très pratique dans des contextes militaires éloignés.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Le fragment de couteau de table est fabriqué en France à la fin du XVIIe et au début du XVIIIe siècle. Le fragment comprend une portion de la lame en acier, ainsi que les côtes en os du manche. Ces dernières sont fixées à la soie plate du couteau par des rivets et sont décorées, de façon assez sommaire, de cercles pointés incisés. Il s'agit possiblement d'un ajout fait par le propriétaire pour personnaliser son couteau.

Le couteau est un ustensile servant à la préparation et à la consommation des aliments, qui sont portés à la bouche en les piquant avec la pointe de la lame. Dans les postes militaires frontaliers ou éloignés, les soldats ne disposent pas d'une grande variété d'ustensiles de table. Ils se réunissent généralement en petits groupes autour d'une marmite et s'y servent à l'aide d'une louche, leur ration de pain tenant lieu d'assiette. Les soldats disposaient généralement de leur propre couteau, une cuillère et un gobelet. Cette façon de se nourrir contraste avec celle des officiers, qui prennent le temps de bien manger à table, dans leurs quartiers, en disposant généralement de couverts et assiettes.

Le fragment de couteau de table est mis au jour entre 1976 et 1978 sur le site du Fort-Chambly, situé sur la rive ouest de la rivière Richelieu au pied des rapides de Chambly, dans la municipalité du même nom. Au tout début de la colonie de Ville-Marie, les guerres franco-iroquoises (1643-1667 et 1684-1701) font rage et plusieurs établissements français sont attaqués. Afin de sécuriser la région montréalaise, les autorités françaises envoient dans la colonie le régiment de Carignan-Salières en 1665. Dès lors, ces militaires entreprennent la construction de cinq postes le long de la rivière Richelieu, correspondant aux forts de Sorel, Saint-Jean, Saint-Louis (Chambly), Sainte-Thérèse et Sainte-Anne. La rivière constitue alors une voie d'accès naturelle et efficace en provenance des colonies anglaises et de la région d'Albany. À l'issue de la signature de paix conclue à Trois-Rivières en 1667, la limite méridionale de la frontière est réduite à Chambly et les postes les plus au sud sont abandonnés. À la reprise des hostilités, d'importants travaux sont entrepris à Chambly et un nouveau fort y est construit. Après quelques réparations réalisées en 1693, le fort est incendié en 1702. Il est immédiatement rebâti en bois, mais devant les rumeurs persistantes d'une attaque anglaise, le fort est entièrement reconstruit en pierre. L'importance stratégique de ce poste ne se démentit pas tout au long du Régime français et le fort Chambly a chaque fois joué un rôle clé lors des divers conflits. En temps de paix, une garnison demeure tout de même au fort afin d'y assurer un contrôle du commerce illicite sur la rivière Richelieu.

Cet objet a été retrouvé dans des contextes associés aux premiers forts de bois qui ont été bâtis sur le site entre 1665 et 1709.

RÉFÉRENCES

CHARTRAND, René. Le patrimoine militaire canadien : d'hier à aujourd'hui. Tome 1 : 1000-1754. Montréal, Art Global, 1993. 239 p.
FRANÇOIS, Miville-Deschênes. Quand ils ne faisaient pas la guerre ou l’aspect domestique de la vie militaire au fort Chambly pendant le régime français d’après les objets archéologiques. Ottawa, Lieux et parcs historiques nationaux, Environnement Canada-Parcs, 1987. 113 p.