Laboratoire d'archéologie du Québec
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PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

15G > Opération 38 > Sous-opération A > Lot 46 > Numéro de catalogue 1Q
ChGu-2 > Opération 38 > Sous-opération A > Lot 46 > Numéro de catalogue 1Q

Contexte(s) archéologique(s)

Habitation, maison

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La lime plate a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car elle est représentative des outils dont disposaient les forgerons dans les postes de traite.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La lime plate est fabriquée à Sheffield en Angleterre et date du deuxième ou du troisième quart du XIXe siècle. La lime plate est un outil à percussion posée qui sert à dégrossir, à ébarber et à réduire le métal par abrasion pour en assurer la finition. En acier, elle est composée d'un corps plat à taille double dont la pointe est manquante, et d'une soie de forme fuselée qui servait à son emmanchement.

La lime affiche sur l'une ses faces et sur la soie la marque de fabrique « Jukes Coulson-Sheffield » et la mention « B-Warranted Cast Steel », qui certifie qu'elle est faite d'acier fondu au creuset. Ce fabricant de Sheffield, actif au moins entre 1767 et 1899 selon les données disponibles, est un fournisseur de la Compagnie de la Baie d'Hudson (CBH) qui approvisionne différents postes de traite entre 1822 et 1853. Avant l'invention de Bessemer au début des années 1860, la manière la plus courante d'obtenir de l'acier est de prendre du fer forgé et de le soumettre à une forte chaleur en présence d'un matériau riche en carbone dans une boîte ou un contenant scellé. Le processus, appelé cémentation, permet au carbone de pénétrer la surface du fer forgé et d'en faire de l'acier, dont la qualité varie selon la durée du traitement. L'acier est donc un matériau long à produire et, de ce fait, précieux et souvent recyclé. Les limes jouent ainsi un rôle d'importance dans les ateliers de forge des postes de traite, étant considérées comme une source de matière brute et faisant donc régulièrement l'objet de recyclage.

La lime plate est mise au jour à l'été 1993 sur le site du fort Témiscamingue, situé à Duhamel-Ouest. Elle a été retrouvée sur le site de la première maison du personnel, et a fait l'objet d'une restauration dans les laboratoires de Parcs Canada à Québec. La pratique du recyclage de l'acier est amplement démontrée sur le site du fort Témiscamingue, où plusieurs fragments de limes retravaillés et quatre outils fabriqués à partir d'anciennes limes ont été mis au jour.

RÉFÉRENCES

LIGHT, John D. « Étameur, commerçant, soldat, forgeron: Forge d'un poste de traite sur la frontière, fort Saint-Joseph, Ontario, 1796-1812 ». LIGHT, John D. et Henry UNGLICK. Forge d'un poste de traite sur la frontière, 1796-1812. Ottawa, Direction des lieux et des parcs historiques nationaux, Parcs Canada, Environnement Canada, 1984, p. 3-50.
ROY, Christian. « Le travail de la forge à Fort-Témiscamingue : un facteur de développement dans l'occupation du territoire ». Revue d'histoire de la culture matérielle. Vol. 60 (2004), p. 4-19.
ROY, Christian. Répertoire analytique des vestgies archéologiques du Fort-Témiscamingue. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Parcs Canada, 1996. 258 p.
SUSSMAN, Lynne. Hudson's Bay Company Suppliers. Vol. II. Manuscript Report, 381. Ottawa, Parcs Canada, 1979. 219 p.
WYLIE, William N.T. The blacksmith in Upper Canada, 1784-1850 : a study of technology, culture and power. Microfiche Report Series, 298. Ottawa, Parcs, Environnement Canada, 1987. 260 p.