Laboratoire d'archéologie du Québec
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Retaille. Côté AImage
Photo : Émilie Deschênes 0, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Retaille. Côté BImage
Photo : Émilie Deschênes 0, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Retaille. Côté CImage
Photo : Émilie Deschênes 0, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CeEt-9 > Opération 12 > Sous-opération A > Lot 41 > Numéro de catalogue 1179

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La retaille de forge a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car elle est liée à l'occupation de la seconde habitation de Québec (1624-1629) à l'époque de Samuel de Champlain. Elle a également été choisie parce qu'elle témoigne de la présence d'une forge et du travail du fer sur le site.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La retaille provient d'une barre de fer rectangulaire qui est fabriquée en France et transportée dans la colonie de Québec. Les barres de fer sont vendues selon des dimensions précises, leur largeur étant calculée en pouces. Elles sont souvent d'une longueur standard, pour faciliter leur transport et leur entreposage. La retaille est tranchée, et présente une forme rectangulaire inégale. L'une des extrémités est droite, alors que l'autre est plus étroite et terminée en diamant à quatre faces dont le sommet est inégal. L'un des côtés latéraux est tranché en biseau et l'autre est inégal et semble cassé.

La retaille est le témoin d'un travail sur la matière, dans ce cas-ci du travail du fer forgé et coupé. Il se peut que la retaille soit une pièce en cours de fabrication, étant donné son extrémité façonnée en diamant. La présence d'un forgeron et d'une forge équipée est essentielle dans tout établissement colonial, dont l'Habitation de Québec. Le forgeron fabrique les pièces de fer nécessaires à la construction et s'occupe de l'entretien du bâtiment. Il peut aussi servir d'armurier, s'il n'en réside pas déjà sur le site. Ce dernier voit à l'entretien et à la réparation des armes à feu et armes blanches qui servent à la défense de la colonie. Le dessin de l'Habitation de Québec de 1608 indique que l'un des trois corps de logis abrite la forge et des artisans, ceci incluant sans doute le forgeron. Après la reconstruction de l'Habitation en 1624, la forge est établie hors les murs, en raison du risque élevé d'incendie.

La retaille de forge est mise au jour en 1988 sur le site de la seconde habitation et est associée à la période d'occupation de l'Habitation par Champlain entre 1624 et 1629. Ce premier établissement français permanent en Amérique du Nord est situé dans le secteur de Place-Royale, à Québec. La première habitation est construite en 1608 et abrite Champlain et ses troupes jusqu'en 1624, année où elle est détruite pour faire place à la seconde habitation, un bâtiment de pierre qui est ensuite incendié en 1632. En 1619, Champlain demande que soient envoyés dans la colonie de Québec 4 000 livres de fer et 2 barils d'acier. Compte tenu de la datation du contexte de découverte de la retaille, celle-ci a pu être travaillée dans la forge qui se trouvait dans l'Habitation ou dans celle qui se trouvait à distance de la deuxième Habitation.

Aucune retaille de fer n'a été trouvée sur le site des Fort-et-Châteaux-Saint-Louis, à Québec, dans les contextes datés de l'époque de Champlain. Toutefois, la cour du fort a livré dans des contextes perturbés datés d'après la mort de Champlain des quantités importantes d'objets brisés en fer ainsi que des dizaines de retailles de fer. Ceci témoigne du travail du fer et de la présence d'un forgeron dans la cour du fort, certainement après la mort de Champlain et peut-être aussi de son vivant.

RÉFÉRENCES

Cérane inc. L'occupation historique et préhistorique de la place Royale. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Ministère des Affaires culturelles du Québec, 1989. s.p.
L'ANGLAIS, Paul-Gaston. « Tome 4, volume 1 : Regards sur la vie des gouverneurs (1620-1834) ». CLOUTIER, Pierre, dir., Michel BRASSARD, Manon GOYETTE, Jacques GUIMONT et Paul-Gaston L'ANGLAIS. Fouilles archéologiques aux Forts et Châteaux Saint-Louis (1620-1871). Rapport de recherche archéologique [document inédit], Parcs Canada, 2012, s.p.
MOUSSETTE, Marcel et Françoise NIELLON. L'Habitation de Champlain. Collection Patrimoines, série Dossiers, 58. Sainte-Foy, Québec, Publications du Québec, 1985. 531 p.