Laboratoire d'archéologie du Québec
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Bague. Vue généraleImage
Photo : Julie Toupin 2019, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Bague. Vue aérienneImage
Photo : Julie Toupin 2019, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Bague. Vue latéraleImage
Photo : Julie Toupin 2019, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

40G > Opération 2 > Sous-opération P > Lot 16 > Numéro de catalogue 1Q
BhFh-2 > Opération 2 > Sous-opération P > Lot 16 > Numéro de catalogue 1Q

Contexte(s) archéologique(s)

Fort
Militaire
Palissade
Tranchée de construction

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La bague a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car elle représente les types de bijoux ou parures que les militaires pouvaient porter au fort Saint-Jean. Elle pourrait aussi témoigner de la présence de femmes dans les établissements militaires de la Nouvelle-France.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La bague est une reproduction d'un objet de parure fabriqué au cours de la seconde moitié du XVIIIe siècle, fort probablement en France. Moulée en un seul bloc, la bague en argent est ornée de deux mains tenant un coeur surmonté d'une couronne à quatre fleurons. Des retouches ciselées soulignent ce décor, et deux petites ouvertures ont été percées afin que les mains soient bien visibles.

Ce décor est connu sous le nom du motif « foi », reproduit et utilisé dans plusieurs différents pays d'Europe. L'origine de ces bagues remonterait à Galway en Irlande. Dans la tradition irlandaise, elles sont nommées « Claddagh rings » et sont des bagues nuptiales transmises de génération en génération d'une mère à sa fille aînée. Elles sont majoritairement offertes pour sceller une alliance, tels un mariage, une amitié, etc. Des décors similaires se retrouvent également sur des bagues dites « jésuite ». Toutefois, ce type de bague est généralement en laiton.

La bague originale est mise au jour en 1981 sur le site du Fort Saint-Jean, situé dans la municipalité de Saint-Jean-sur-Richelieu. Il s'agit de l'un des plus anciens complexes militaires permanents en Amérique du Nord, ayant connu la plus longue occupation militaire continue après la ville de Québec. Au tout début de la colonie de Ville-Marie, les guerres franco-iroquoises (1643-1667 et 1684-1701) font rage et plusieurs établissements français sont attaqués. Afin de sécuriser la région montréalaise, les autorités françaises envoient dans la colonie le régiment de Carignan-Salières en 1665. Dès lors, ces militaires entreprennent la construction de cinq postes le long de la rivière Richelieu, correspondant aux forts de Sorel, Saint-Jean, Saint-Louis (Chambly), Sainte-Thérèse et Sainte-Anne. La rivière constitue alors une voie d'accès naturelle et efficace en provenance des colonies anglaises et de la région d'Albany. En 1672, après plusieurs années de paix, le poste de Saint-Jean cesse d'être utilisé. Il reprend du service au moment de la construction du fort Saint-Frédéric entre 1727 et 1734 sur la rive ouest du lac Champlain, qui devait assurer la protection des barques chargées d'approvisionner le nouveau poste en matériaux de construction et autres produits. En 1748, après la signature du traité d'Aix-la-Chapelle, un second fort Saint-Jean est construit, et une nouvelle enceinte palissadée de forme carrée dotée de bastions aux angles est ajoutée. Occupé depuis de manière continue, le fort est amélioré à quelques reprises, étant ainsi doté en 1756 d'un chantier naval. En 1760, pendant la Conquête, le fort est incendié par les Français, qui se replient vers Montréal. Une garnison britannique s'y installe ensuite, le reconstruisant en 1775 et y érigeant des retranchements.

La bague originale a été retrouvée dans la tranchée de construction de la courtine est de la palissade du second fort. Puisque les bagues sont généralement portées par les femmes, il est possible que ce bijou ait été donné à un homme par une proche, ou par sa promise en gage d'amour. Si tel était le cas, cette bague permettrait d'illustrer de la dure réalité des militaires, cantonnés dans des postes parfois éloignés d'où ils risquaient de ne jamais revenir. Il est aussi possible que cette bague ait été perdue sur le site par une femme, ce qui témoignerait de la présence de celles-ci dans certains établissements militaires de la Nouvelle-France. Enfin, les archéologues ont aussi émis l'hypothèse que cette bague puisse être un symbole de fraternité désignant une appartenance à un groupe ou à une société secrète. La bague originale a été perdue et une copie a été réalisée. Celle-ci est exposée au Musée du Fort Saint-Jean.

RÉFÉRENCES

KUNZ, George Frederick. Rings for the finger. New York, Dover Publications, 1973. 381 p.
MERCIER, Caroline. Bijoux de pacotille ou objets de piété? : les bagues dites « jésuites » revisitées à partir des collections archéologiques du Québec. Cahiers d'archéologie du CÉLAT, 34. Québec, Célat, 2012. 234 p.
PIÉDALUE, Gisèle. Recherches archéologiques au Collège militaire royal de Saint-Jean, 1981. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Parcs Canada, 1982. 177 p.
STONE, Lyle M. Fort Michilimackinac, 1715-1781: An Archaeological Perspective on the Revolutionary Frontier. Anthropological Series, 2. s.l. Michigan State University Museum, East Lansing, 1974. 367 p.