Laboratoire d'archéologie du Québec
< RETOUR À LA RECHERCHE
Fragment de chandelier à balustre. Côté AImage
Photo : Olivier Lalonde 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Fragment de chandelier à balustre. Côté BImage
Photo : Olivier Lalonde 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CeEw-1 > Opération 5 > Sous-opération F > Lot 2 > Numéro de catalogue 19

Contexte(s) archéologique(s)

Fort
Militaire

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Le chandelier à balustre a été sélectionné pour la collection archéologique de référence du Québec, car il s'agit d'un type d'objet rarement retrouvé en contexte archéologique. Cet objet est aussi le seul exemplaire mis au jour au fort Jacques-Cartier. De plus, ce chandelier a été retrouvé près des vestiges d'un ancien bâtiment dont la fonction n'a pas pu être déterminée. Ce chandelier devait permettre un meilleur éclairage dans un bâtiment rudimentaire qui n'était fort possiblement pas doté de fenêtres.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

L'embout de hampe de drapeau est vraisemblablement fabriqué en France et provient d'un contexte daté entre 1759 et 1760. L'objet en laiton moulé présente une forme irrégulière, et son sommet ainsi qu'une partie de sa base sont brisés. L'embout est orné d'un décor moulé rappelant un motif dit à facettes ou à pans. Les huit facettes verticales, disposées tout autour, font toute la hauteur de l'objet. Un motif de feuillage semble également en orner le sommet.

Ce chandelier a été mis au jour à la pointe sud du fort Jacques-Cartier, tout près d'un bâtiment dont la fonction n'a pas pu être déterminée avec certitude. Peut-être s'agissait-il d'une boulangerie mentionnée dans les documents d'époque. Les interventions archéologiques ont permis de démontrer que les bâtiments construits au fort Jacques-Cartier étaient plutôt rudimentaires, en terre et en bois. Le chandelier pourrait avoir été utilisé pour l'éclairage de ce bâtiment.

Plusieurs chercheurs ont aussi suggéré que cet objet puisse être la pointe d'une hampe de drapeau. Il aurait alors une fonction décorative. Dans ce cas, si l'objet est inversé, son extrémité distale creuse servirait à insérer la hampe de bois, fixée par un petit clou placé dans la perforation circulaire située près de la base. Il est possible qu'un drapeau, orné d'un tel embout, serve à identifier la fonction d'un bâtiment du fort Jacques-Cartier, près de Québec. Il est également possible que le drapeau serve à identifier un régiment qui se trouve sur place. Les recherches ont permis de déterminer que les régiments de La Sarre et du Languedoc étaient postés au fort Jacques-Cartier au cours de cette période. Cette identification de l'objet avait découlé d'une consultation entre spécialistes en culture matérielle et de comparaisons avec des artéfacts de collections muséales, à la suite de la fouille archéologique de 2004. L'état fragmentaire de l'objet ne permettait toutefois pas d'établir sa fonction avec certitude.

Le fort Jacques-Cartier est construit à la fin du mois de septembre 1759, suivant la chute de la ville de Québec. Ce fort sert de lieu d'hivernement pour les troupes françaises, ainsi que de base pour des expéditions de reconnaissance dans les environs de Québec afin de déterminer les positions des troupes britanniques ennemies et ainsi nuire aux préparatifs de leur campagne militaire suivante. Le site sert également de centre stratégique pour les préparatifs d'une contre-attaque sur la ville de Québec prévue au printemps 1760 et connue sous le nom de la bataille de Sainte-Foy. Malgré la victoire française, la ville n'est pas reprise, et les troupes retournent au fort Jacques-Cartier avant d'être dispersées sur d'autres fronts. Seule une garnison demeure au fort, jusqu'à la capitulation de Montréal en septembre 1760. Les Français sont alors évacués par les troupes britanniques victorieuses.

Le chandelier a été mis au jour en 2004 sur le site du fort Jacques-Cartier, à Cap-Santé.

RÉFÉRENCES

SANTERRE, Simon. Histoire et archéologie du fort Jacques-Cartier : 1759, 1760, son rôle dans la défense de la colonie après la prise de Québec. Université Laval, 2008. 212 p.
SANTERRE, Simon. Le fort Jacques-Cartier, l'un des derniers bastions de la résistance française en Amérique du Nord. Résultats de l'intervention archéologique de 2004 (CeEw-1). Québec, Ministère de la Culture et des Communications, 2005. 134 p.