Laboratoire d'archéologie du Québec
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PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

DcFa-5

Contexte(s) archéologique(s)

Campement

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Le vase a été sélectionné pour la collection archéologique de référence du Québec, car il s'agit de l'un des rares témoins probants de la production céramique de tradition Pointe Péninsule sur la rive sud du lac Saint-Jean.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Le vase de type « Pointe Péninsule » est un récipient vraisemblablement fabriqué au cours du Sylvicole moyen ancien (2 400 à 1 500 ans avant aujourd'hui). Composé de 121 fragments, l'objet en céramique de type autochtone présente une panse légèrement conique ainsi qu'un rebord faiblement éversé. Le vase porte un décor constitué d'empreintes dentelées pointues appliquées avec un effet basculant, d'empreintes dentelées quadrangulaires, ainsi que des empreintes rectilignes imprécises pouvant être des empreintes linéaires ou encore des incisions. Le vase est modelé au colombin, ou encore au battoir et à l'enclume. Sur les fragments subsistants, il n'est pas possible d'apercevoir de cassure typique du modelage au colombin, mais cela ne permet pas de réfuter hors de tout doute l'usage de cette technique. La forme finale du vase est obtenue en utilisant un battoir cordé, puisque des traces sont visibles sur les faces interne et externe de l'objet.

Le vase est un récipient servant principalement à la cuisson des aliments. La présence de traces de résidus carbonisés sur la face interne et de suie sur la face externe de l'objet suggère d'ailleurs une telle utilisation. Ce type de contenant peut aussi servir au transport de l'eau et à l'entreposage des aliments.

L'aire de répartition de la poterie de tradition ou de culture Pointe Péninsule est très vaste et comprend le sud-est de l'Ontario, le sud du Québec, ainsi qu'une bonne partie de l'État de New York et de la Nouvelle-Angleterre, jusqu'au Nouveau-Brunswick. Les vases sont caractérisés par une panse de forme conique, un col peu étranglé, un rebord plus ou moins éversé ainsi qu'une lèvre de forme variable. La face interne est souvent scarifiée, c'est-à-dire marquée de stries horizontales créées par l'usage d'un peigne. La décoration, qui peut couvrir toute la face externe ainsi que la face interne du rebord, est constituée surtout d'empreintes dentelées, ondulantes et cordées. En comparaison aux céramiques de type « Vinette I », celles du type « Pointe Péninsule » présentent des parois plus étroites, un dégraissant plus fin et d'une pâte moins friable. Ce type de poterie au corps fuselé, dont la capacité ne devait pas dépasser 10 litres, est particulièrement bien adapté à la cuisson lente des viandes et devient très populaire au cours du Sylvicole moyen ancien. Il se trouve parfois en centaines d'exemplaires sur certains sites localisés à un point de confluence.

La présence de rebuts de pâte en forme de colombin sur plusieurs sites archéologiques de cette période vient appuyer l'idée que le montage par colombins d'argile superposés constituait la technique de fabrication dominante. Cette technique suggère une fabrication sur place des vases en céramique ainsi qu'une occupation estivale des sites, puisque l'extraction de l'argile brute n'est pas possible en hiver et que les étapes du séchage et de la cuisson sont plus difficiles à réaliser pendant la saison froide.

Le vase est mis au jour en 1967 sur la rive sud du lac Saint-Jean, dans le secteur de Pointe-aux-Pins, dans la municipalité de Chambord au Saguenay–Lac-Saint-Jean. L'objet est subséquemment restauré au Centre de conservation de Québec (CCQ).

RÉFÉRENCES

BERGERON, André, dir. La restauration des céramiques archéologiques : quelques exemples du cheminement d'une pratique. Québec, Centre de conservation du Québec, 2007. 159 p.
FORTIN, J.-Henri. Sites du Lac-Saint-Jean, 1964-1967, rapport d'activités. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Société d'archéologie du Saguenay, 1967. 153 p.