Laboratoire d'archéologie du Québec
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Fragment de navette à encens. Face externeImage
Photo : Émilie Deschênes 2019, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Fragment de navette à encens. Face interneImage
Photo : Émilie Deschênes 2019, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Fragment de navette à encens. Détail de la pâteImage
Photo : Émilie Deschênes 2019, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CeEt-9 > Opération 9 > Sous-opération E > Numéro de catalogue 938

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Le fragment de navette à encens a été sélectionné pour la collection archéologique de référence du Québec, car il témoigne de la pratique de la religion catholique sur le site de la découverte. Bien que ce dernier ne soit pas documenté, la fabrication de l'objet est datée des XVIe et XVIIe siècles en France. Cette datation permet d'avancer que la navette aurait pu être utilisée à l'époque de Samuel de Champlain (entre 1567 et 1574-1635).

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Le fragment de navette à encens est fabriqué en Europe entre le XVIe et le XVIIe siècle, dans l'ancienne région de Saintonge, en France. Le fragment est façonné dans une terre cuite grossière de couleur chamois. La surface du fragment est enduite d'une glaçure de couleur verte. La paroi de la navette est légèrement courbée et présente un rebord au sommet bombé. Les parois externes portent un décor moulé, composé de rangs d'ovales superposés aux contours en relief et d'étoiles ou de fleurs à pétales pointues. Ce fragment provient vraisemblablement de la paroi de la navette, vers le centre de l'objet.

La navette à encens, un petit contenant de forme oblongue, est un objet liturgique servant au transport de l'encens lors de cérémonies religieuses catholiques. Son usage semble remonter au XIVe siècle. Épousant la forme d'un navire, une navette à encens repose d'ordinaire sur un petit pied ovale, présente des extrémités arrondies et l'une d'elles possède une excroissance marquée à l'image d'un mât ou d'une figure de proue. Le sommet est fermé sur le tiers de sa longueur par une mince paroi de terre cuite.

La navette à encens est probablement importée en Nouvelle-France au XVIIe siècle par les Récollets, premiers religieux établis à Québec. Voyageant avec Samuel de Champlain (entre 1567 et 1574-1635) en 1615, les religieux résident dans la première habitation jusqu'en 1620 avant de s'installer dans leur propriété longeant la rivière Saint-Charles. Il est possible que les Récollets aient continué d'offrir le service religieux à l'Habitation après cette date. Il est également possible qu'une chapelle ait été bâtie pour les Récollets sur le site de l'Habitation.

Le fragment de navette à encens est mis au jour sur le site de la première habitation occupée par Champlain. Ce site constitue le premier établissement français permanent en Amérique du Nord et est situé dans le secteur de Place-Royale, à Québec. La première habitation est construite en 1608 et abrite Champlain et ses troupes jusqu'en 1624, année où elle est détruite pour faire place à la seconde habitation, un bâtiment de pierre qui est ensuite incendié par les frères Kirke en 1632.

Le fragment de navette est mis au jour entre 1979 et 1980 dans un lot non documenté qui pourrait être associé à la couche préhistorique de l'Habitation.

RÉFÉRENCES

L'ANGLAIS, Paul-Gaston. Analyse de la collection archéologique pour fins d’interprétation, site BjFj-101, Fort de Ville-Marie / Domaine de Callière. [Document inédit], Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal, 2015. 107 p.
MOUSSETTE, Marcel et Françoise NIELLON. L'Habitation de Champlain. Collection Patrimoines, série Dossiers, 58. Sainte-Foy, Québec, Publications du Québec, 1985. 531 p.
TOUPIN, Julie. Redonner vie à une collection: les terres cuites communes du fort La Tour, 1631-1645. Université Laval, 2003. 247 p.