Laboratoire d'archéologie du Québec
< RETOUR À LA RECHERCHE
Brosse à dents. FaceImage
Photo : Véronique Marengère 2019, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

Collections archéologiques de la Ville de Québec
Brosse à dents. DosImage
Photo : Véronique Marengère 2019, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

Collections archéologiques de la Ville de Québec
Brosse à dents. Détail de la marque sur la face du mancheImage
Photo : Véronique Marengère 2019, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

Collections archéologiques de la Ville de Québec
Brosse à dents. Détail de la marque sur le dos du mancheImage
Photo : Véronique Marengère 2019, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

Collections archéologiques de la Ville de Québec
Brosse à dents. Détail des trous à l'extrémité de la têteImage
Photo : Émilie Deschênes 2019, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

Collections archéologiques de la Ville de Québec

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CeEt-950 > Opération 3 > Sous-opération A > Lot 23 > Numéro de catalogue 1

Contexte(s) archéologique(s)

Latrines

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La brosse à dents a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence, car elle porte l'inscription du nom de l'enfant qui l'a utilisée, permettant aux archéologues d'associer le dépôt de latrines duquel elle provient à l'occupation du site par la famille Pitl entre 1870 et 1897.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La brosse à dents est fabriquée en France, au Japon ou en Angleterre dans le dernier quart du XIXe siècle. Sa forme, comportant un manche s'évasant vers le bas et se rétrécissant abruptement vers le haut, une base arrondie légèrement épointée ainsi qu'une tête allongée de forme elliptique permet de l'associer aux brosses à dents de type « Illinois », d'après la typologie élaborée par Barbara E. Mattick.

La brosse à dents est fabriquée de manière semi-industrielle. Elle est fabriquée dans un ilion (ilium), ou fémur de boeuf, qui est d'abord scié en bandes. Ce matériau peu couteux a l'avantage de résister aux pressions de fabrication et aux constantes expositions à l'humidité. Les bandes d'os sont ensuite coupées de la bonne longueur et aplanies, puis profilées selon un gabarit à l'aide d'une machine à coupe rotative. La forme finale du manche est limée à la main. Des trous sont percés dans la tête sans perforer le dos, puis des tunnels reliant ces trous sont creusés dans l'épaisseur de la tête, une technique connue sous le nom de « trépanation ». La machine utilisée pour cette étape n'apparait qu'en 1874. Les trous des tunnels sont ensuite soigneusement bouchés, puis la brosse à dents est blanchie et polie. Les soies sont passées à la main dans les trous à l'aide d'un fil et d'un crochet, une opération appelée « tirage ».

La brosse à dents est un objet lié à l'hygiène personnelle et sert à nettoyer les dents. L'utilisation de la brosse à dents demeure marginale, considérée comme un accessoire de luxe, jusqu'à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Elle est généralisée par la suite, suivant les découvertes scientifiques de Louis Pasteur. La brosse à dents est gravée à deux endroits du nom de sa propriétaire, Emma Pitl. Cette petite fille, née en 1885, est la fille de Charles Théodore Pitl (1834-1897), marchand pour Weston Hunt à Québec et consul d'Allemagne entre 1871 et 1897. L'utilisation de cette brosse à dents par la fille de cet homme, possédant un statut socioéconomique prestigieux, n'est donc pas étonnante. La brosse à dents est jetée dans la fosse des latrines de la maison de la famille Pitl, probablement peu après le décès d'Emma en 1892, à l'âge de sept ans. La brosse à dents est cassée en deux fragments à la base de la tête et présente des rayures superficielles sur le manche et la tête, ainsi qu'un écaillage de la couche supérieure de l'os. Ces altérations résultent soit de son utilisation, soit de son séjour dans le sol.

La brosse à dents est mise au jour le 13 ou le 14 juin 2018 lors d'un chantier-école en archéologie de l'Université Laval sur le site Anderson, situé dans le quartier Limoilou à Québec.

RÉFÉRENCES

ARCHAMBAULT, Rachel, Serena HENDRICKX et Anne LABERGE. Le site Anderson (CeEt-950). Rapport d'intervention 2018 des opérations 3 et 4. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Université Laval / Ville de Québec, 2019. 224 p.
MATTICK, Barbara E. A guide to bone toothbrushes of the 19th and early 20th centuries. Bloomington, Xlibris, 2010. 82 p.