Laboratoire d'archéologie du Québec
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Fragment de coquille d'amande. Face externeImage
Photo : Joey Leblanc 2018, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Fragment de coquille d'amande. Face interneImage
Photo : Joey Leblanc 2018, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

LOCALISATION

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

EdBt-3 > Numéro de catalogue 1733

Région administrative

Côte-Nord

MRC

Le Golfe-du-Saint-Laurent

Municipalité

Côte-Nord-du-Golfe-du-Saint-Laurent

Fonction du site

domestique
pêche

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Le fragment de coquille d'amande fait partie de la collection archéologique de référence du Québec parce que les restes témoignant de la présence de noix parmi les ressources alimentaires des pêcheurs basques sont peu connus. Les noix ne figurent pas sur les listes d'avitaillement connues de sorte que les traces retrouvées sur les sites basques ont une signification particulière.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Le fragment de coquille d'amande est d'origine européenne, probablement espagnole. Ce reste démontre que les amandes sont apportées sur le lieu de pêche de Petit Mécatina comme provisions de bouche. Il pourrait ici s'agir de provisions personnelles d'un membre de l'équipage, puisque les noix ne sont habituellement pas mentionnées dans les provisions achetées par les avitailleurs des baleiniers ou des navires de pêche basques. Cette coquille est trouvée dans le sondage 3 des fouilles subaquatiques de 2006 dans l'anse du Petit Mécatina, situé à 11 m de profondeur d'eau. Le fragment porte des traces d'altérations attribuées à son séjour dans l'eau ou à l'exposition à une source de chaleur. Ce sondage a livré une grande quantité de matériaux organiques associés au travail du bois par des charpentiers ainsi que des chevilles de bois et des fragments de douves et de cerceaux liés à l'assemblage de barriques de bois par des tonneliers. Dans cette couche, des os de morue, un os d'oiseau ainsi qu'un os de phoque juvénile sont aussi découverts.

En fait, les voyages en mer pour traverser de l'Europe vers les lieux de pêche nord-américains pouvaient durer de plusieurs semaines à plusieurs mois, sans compter les nombreux mois sur place et le retour d'une durée semblable à celle de l'aller. Comme il n'était pas possible de se réapprovisionner en route, la conservation était un facteur de haute importance dans la planification des victuailles.

L'eau ne se conservait généralement que quelques semaines en mer et l'eau de pluie ne représentait pas une source de réapprovisionnement fiable. Il fallait donc dépendre des boissons alcoolisées pour la survie, de sorte que les baleiniers et les navires de pêche apportaient de grandes provisions de vin et de cidre.

La nourriture comportait généralement des aliments salés ou séchés. Le plus important était le biscuit qui remplaçait le pain frais. Soumis à une très longue cuisson, il était particulièrement sec et pouvait se conserver à long terme. Malheureusement, les conditions humides à bord des navires ne pouvaient pas garantir sa bonne qualité. Les provisions comprenaient des viandes et des poissons salés, comme le boeuf, le porc, la morue et la sardine, ainsi que des légumes secs, comme les fèves et les pois. La matière grasse préférée des équipages espagnols était l'huile d'olive, tandis que les pêcheurs français apportaient surtout du beurre. Du vinaigre, des graines de moutarde ainsi que du sel permettaient d'assaisonner ces aliments. Parfois, il y avait de la farine, du pain frais et de l'ail. Quoique monotone, ce régime alimentaire fournissait en général aux marins pêcheurs une nutrition suffisante pour les voyages.

Les dépôts archéologiques révèlent que durant les séjours outre-mer, la chasse et la pêche enrichissaient ce régime de façon très diversifiée. Selon le lieu de pêche et la saison, la cueillette de fruits locaux, d'oeufs d'oiseaux ou de moules pouvait ajouter du goût et de la variété au menu. Les apports en provisions personnelles tels les noix et les fruits européens, dont certains pouvaient aussi être séchés, constituaient certainement des variantes très appréciées pour les repas quotidiens. Certaines sources mentionnent notamment du fromage, des raisins, des amandes ainsi que du vin de qualité.

RÉFÉRENCES

BARKHAM, Michael M. « Aspects de la vie à bord des navires basques espagnols au XVIe siècle, notamment par référence aux expéditions de pêche de la baleine dans les eaux de Terranova ». BERNIER, Marc-André, Robert GRENIER et Willis STEVENS. L'archéologie subaquatique de Red Bay : la construction navale et la pêche de la baleine basques au XVIe siècle. Ottawa, Parcs Canada, 2007, p. 49-72.
BARKHAM, Selma. « The Documentary Evidence for Basque Whaling Ships in the Strait of Belle Isle ». STORY, G.M. Early european settlement and exploitation in Atlantic Canada : selected papers. St. John's, Memorial University of Newfoundland, 1982, p. 53-95.
DICKNER, Denis et Laurier TURGEON. « Contraintes et choix alimentaires d'un groupe d'appartenance : les marins-pêcheurs français à Terre-Neuve au XVIe siècle ». Canadian Folklore Canadien. Vol. 12, no 2 (1990), p. 53-68.
FITZHUGH, William W., Christie LEECE et Erik PHANEUF. The Gateways Project 2006. Land and Underwater Excavations at Hare Harbour. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Artic Studies Center, 2006. 51 p.
PROULX, Jean-Pierre. « Les méthodes, la technologie et l'organisation asques de la pêche de la baleine au XVIe siècle ». BERNIER, Marc-André, Robert GRENIER et Willis STEVENS. L'archéologie subaquatique de Red Bay : la construction navale et la pêche de la baleine basques au XVIe siècle. Ottawa, Parcs Canada, 2007, p. 44-100.