Laboratoire d'archéologie du Québec
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Fragments de chaussures. Vue généraleImage
Photo : Julie Toupin 2019, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Fragments de chaussures. Détail de l'attacheImage
Photo : Julie Toupin 2019, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Fragments de chaussures. Détail du talonImage
Photo : Julie Toupin 2019, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Fragments de chaussures. Détails des trous de coutureImage
Photo : Julie Toupin 2019, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

LOCALISATION

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

EdBt-3 > Numéro de catalogue 6740

Région administrative

Côte-Nord

MRC

Le Golfe-du-Saint-Laurent

Municipalité

Côte-Nord-du-Golfe-du-Saint-Laurent

Fonction du site

domestique
pêche

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Les fragments de chaussures font partie de la collection archéologique de référence du Québec parce qu'ils témoignent de l'habillement des marins pêcheurs basques au XVIe et au XVIIe siècle et servent d'exemples de chaussures utilisées à l'époque. Ces fragments se conservent généralement mieux que les vêtements en fibres, découverts en très petites quantités à Petit Mécatina.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Les fragments de chaussures, au nombre de 34, appartiennent à un ou plusieurs brodequins, un type de chaussure à trépointe utilisé à Petit Mécatina par des Basques au XVIe ou au début du XVIIe siècle. Parmi les fragments les plus complets des chaussures, il y a une empeigne à bout arrondi, présentant des trous de couture sur tout le pourtour associés à son assemblage avec la trépointe et la semelle. Sur le dessus, une entaille au milieu servait à faciliter l'enfilement de la chaussure. Il subsiste un trou d'attache de chaque côté de cette ouverture ainsi qu'un fragment de la lanière de cuir servant de lacet insérée dans le trou du côté droit. Une partie du quartier droit est présent et il est muni d'un trou situé vis-à-vis du trou sur la claque et dans lequel passe le lacet de l'empeigne. Le côté gauche de l'empeigne est très endommagé. Cette empeigne mesure 17 cm de longueur et 13,6 cm de largeur au point le plus large. L'ensemble comporte aussi un fragment de talon, conservé sur environ 7,5 cm de longueur, avec les deux quartiers toujours attachés, mais fragmentaires. Des trous de couture et quelques traces de fils sont toujours présents. Parmi les autres fragments, il y a des sections qui semblent associées à un autre talon et à un reste d'empeigne, plusieurs autres fragments avec des traces de trous de couture, dont des restes de trépointes et des bouts de lanières de cuir.

Les brodequins ont plusieurs avantages par rapport aux souliers fabriqués selon la technique « cousu retourné », aussi retrouvés dans les stations baleinières basques. Les brodequins ont une semelle intérieure et extérieure et il est possible d'utiliser du cuir plus épais, car l'assemblage se fait toujours à l'endroit, contrairement à la technique « cousu retourné », dont la fabrication se fait à l'envers et nécessite de retourner le soulier sur lui-même à la fin de l'assemblage. Les brodequins sont aussi plus hauts, remontant jusqu'à la cheville, tandis que les souliers fabriqués selon la technique « cousu retourné » ont des quartiers très bas.

Selon des listes d'équipement de voyages de pêche, les Basques apportent de trois à six paires de chaussures et une paire de bottes. À Red Bay, un grand nombre des fragments de chaussures sont trouvés dans la partie arrière de l'épave du San Juan, indiquant l'emplacement des logements sous le pont supérieur. Par contre, plusieurs chaussures complètes sont aussi trouvées dans la partie avant du navire, sous le premier pont. Cet endroit est peu accessible une fois la cargaison de barriques d'huile de baleine embarquée, mais il semble que des tablettes placées entre les allonges à cet endroit sont utilisées pour y placer des effets personnels.

Les chaussures perdues ou jetées par-dessus bord d'un navire ancré dans l'anse du Petit Mécatina sont récupérées en 2013 dans un dépôt fouillé immédiatement au nord des monticules de pierres de lest SP 4 et SP 6. Ces dépôts sont donc situés à l'une ou l'autre des extrémités des baleiniers ancrés dans l'anse. Le même secteur de fouille a livré une panoplie d'autres objets, dont de nombreuses céramiques, comportant trois réchauds, plusieurs pots, des marmites, des jarres à olives ibériques, des écuelles en majolique aragonaise et d'autres objets. Des pièces de barriques et des déchets de bois témoignant du travail des tonneliers et des charpentiers y sont aussi découverts, de même que des restes alimentaires variés, des récipients en bois, un anneau de vannerie, un manche de couteau, des fragments de chaussures, des perles de chapelet en matériaux variés, une coquille de pétoncle géant, des cendrées ou chevrotines et une balle de mousquet ainsi que des déchets liés à la fabrication sur place de ces munitions, une ancre de petite embarcation, des tuiles à toiture et des pierres de lest.

RÉFÉRENCES

DAVIS, Stephen. « Les chaussures ». BERNIER, Marc-André, Robert GRENIER et Willis STEVENS. L'archéologie subaquatique de Red Bay : la construction navale et la pêche de la baleine basques au XVIe siècle. Ottawa, Parcs Canada, 2007, p. 139-207.
FITZHUGH, William W. The Gateways Project 2012. Land and Underwater Excavations at Hare Harbor, Petit Mecatina and Little Canso Island. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Smithsonian Institution/Université de Montréal/Artic Studies Center, 2013. 50 p.