Laboratoire d'archéologie du Québec
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Fragments de fanon de baleine. Côté AImage
Photo : Joey Leblanc 2018, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Fragments de fanon de baleine. Côté BImage
Photo : Joey Leblanc 2018, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Fragments de fanon de baleine. Détail des racinesImage
Photo : Joey Leblanc 2018, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

EiBi-10 > Opération 2 > Sous-opération O > Lot 3 > Numéro de catalogue 10

Contexte(s) archéologique(s)

Bâtiment

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Les fragments de fanon de baleine font partie de la collection de référence archéologique du Québec parce qu'ils témoignent de la chasse à la baleine à Middle Bay.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Les fragments de fanon proviennent d'une baleine à fanons chassée à Middle Bay par les Basques entre 1550 et 1650 environ. Les fanons fixés à la mâchoire supérieure de l'animal permettent à la baleine de filtrer sa nourriture. Lors du dépeçage de la baleine, les pêcheurs basques coupent les fanons pour les utiliser dans la fabrication d'une multitude d'objets. En outre, les fanons jouent possiblement un rôle dans l'aménagement des lieux de pêche ou de chasse : fixés par des clous sur les toitures ou étendus au sol, ils peuvent servir d'isolant contre l'humidité.

Lors de la chasse à la baleine, l'animal, une fois harponné et tué, est remorqué par plusieurs chaloupes jusqu'à la station baleinière. Le dépeçage se fait alors sur la rive ou sur le navire. Dans les deux cas, l'utilisation d'un cabestan permet de retourner l'animal au fur et à mesure que le travail avance. Une fois le dépeçage terminé, la carcasse est apportée plus loin pour protéger l'ancrage d'une accumulation d'ossements de grande taille et pour éloigner les prédateurs et les charognards.

La baleine franche de l'Atlantique Nord aurait été l'espèce privilégiée par les chasseurs basques au Canada au XVIe siècle, suivie de près par la baleine boréale. Cette chasse expliquerait en partie la diminution drastique du nombre d'individus appartenant à ces espèces. Par contre, des analyses d'ADN effectuées sur des ossements de baleines provenant de différents lieux de chasse démontrent que les Basques recherchent surtout la baleine boréale. Cette baleine ne fréquente plus les eaux du golfe du Saint-Laurent de nos jours, probablement en raison du réchauffement des eaux dans la région. Aux XVIe et XVIIe siècles, les eaux plus froides du golfe du Saint-Laurent permettent à cette espèce d'y résider une partie de l'année.

Ces fragments de fanon sont trouvés à l'intérieur d'un bâtiment basque mis au jour à Middle Bay. Dans l'annexe sud de ce bâtiment ayant servi au travail des tonneliers et à la prise des repas, des fanons sont étendus entrelacés sur le sol.

RÉFÉRENCES

BARKHAM, Selma, Michael M. BARKHAM, Moira W. BROWN, Brenna A. MCLEOD, M.J. MOORE, Willis STEVENS et Bradley N. WHITE. « Bowhead Whales, and Not Right Whales, Were the Primary Target of 16th- to 17th-Century Basque Whalers in the Western North Atlantic ». Artic. Vol. 61, no 1 (2008), p. 61-75.
BROWN, Moira W., Stephen L. CUMBAA, Timothy R. FRASIER, Robert GRENIER, Brenna A. MCLEOD, Jeya NADARAJAH, Toolika RASTOGI et Bradley N. WHITE. « Genetic Analysis of 16th-century Whale Bones Prompts a Revision of the Impact of Basque Whaling on Right and Bowhead Whales in the Western North Atlanti ». Canadian Journal of Zoology. Vol. 82, no 10 (2004), p. 1647-1654.
NEILLON, Françoise. Intervention archéologique sur les sites historiques des Cinq Lieues et de la baie du Milieu, Basse-Côte-Nord, été 1985. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Municipalité de Côte-Nord-du-Golfe-Saint-Laurent, 1986. 43 p.