Laboratoire d'archéologie du Québec
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Nageoire ou queue de poisson. Vue de dessusImage
Photo : Julie Toupin 2018, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

LOCALISATION

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

DiDt-8 > Opération 14 > Sous-opération L > Lot 2 > Numéro de catalogue 145

Contexte(s) archéologique(s)

Épave

Région administrative

Côte-Nord

MRC

Manicouagan

Municipalité

Baie-Trinité

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La nageoire ou queue de poisson fait partie de la collection archéologique de référence du Québec parce qu'elle témoigne de l'alimentation de l'équipage du navire « Elizabeth and Mary », qui a fait naufrage en 1690.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Cette nageoire ou queue de poisson est un os de poisson, possiblement une morue, dont la chair a servi de nourriture en 1690. Il s'agit de 20 petits os reposant sur une concrétion.

La morue est un poisson consommé de façon croissante à partir de l'an 1000 de notre ère. Le développement des villes, l'augmentation de la population et le calendrier liturgique, qui compte près de 150 jours maigres (sans viande) au XVIIIe siècle, ont favorisé ce phénomène.

À partir de la fin du XVe siècle, le grand banc de Terre-Neuve attire des centaines d'équipages de pêcheurs en provenance de l'Angleterre, de la France, de l'Espagne, du Portugal et même de la Hollande. Séchée ou conservée dans la saumure, la morue devient rapidement un aliment essentiel pour nourrir une population européenne en pleine expansion. La morue fait également partie des aliments de base de la population de la Nouvelle-Angleterre au XVIIe siècle.

La morue est consommée selon deux modes de préparation : séchée ou verte. La morue séchée est d'abord étêtée et préparée en filet, puis salée et mise à sécher sur des échafauds de bois ou directement sur des galets. Ce type de préparation exige que les pêcheurs disposent d'installations saisonnières sur la côte. La morue verte est préparée à bord des navires, où elle est étêtée, vidée et découpée, puis mise en tonneau dans une saumure.

Cet écofact a été mis au jour en 1996 lors de fouilles subaquatiques réalisées dans l'épave du « Elizabeth and Mary », un navire britannique ayant fait naufrage en 1690 après le siège de Québec par sir William Phips. L'épave se situe au fond de l'anse aux Bouleaux, non loin de Baie-Trinité, dans la région de la Côte-Nord, au Québec.

La présence d'os de poisson au sein des vestiges du navire reflète une partie de l'alimentation de l'équipage. Ces os peuvent être mis en relation avec les quelques hameçons qui ont aussi été mis au jour lors de fouilles sur le site de l'épave. Quelques mentions historiques indiquent également que l'équipage du « Elizabeth and Mary » a pris le temps de pêcher alors qu'il se dirigeait vers Québec.

Les restes osseux découverts sur les sites archéologiques de consommation de poisson permettent de distinguer les restes de morue fraîchement pêchée des restes de morue séchée ou verte. En effet, les os crâniens sont toujours absents des morues séchées ou vertes.

RÉFÉRENCES

BARRETT, James H., Alison LOCKER, James MORRIS et David Clive ORTON. « Fish for the city: meta-analysis of archaeological cod remains and the growth of London's northern trade ». Antiquity. Vol. 88, no 340 (2014), p. 516-530.
DELMAS, Vincent et Brad LOEWEN. « The Basques in the Gulf of St. Lawrence and Adjacent Shores ». Canadian journal of archaeology / Journal canadien d'archéologie. Vol. 36, no 2 (2012), p. 213-266.
NOËL, Stéphane. Fishermen's foodways on the Petit Nord: faunal analysis of a seasonal fishing station at the Dos de Cheval site (EfAx-09), Newfoundland. Memorial University of Newfoundland, 2010. 218 p.
POPE, Peter E. Fish into wine : the Newfoundland plantation in the seventeenth century. Chapel Hill, University of North Carolina Press, 2004. 463 p.