Laboratoire d'archéologie du Québec
< RETOUR À LA RECHERCHE
Bouteille. Vue généraleImage
Photo : Émilie Deschênes 2017, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

LOCALISATION

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

DiDt-8 > Numéro de catalogue Vase 9

Contexte(s) archéologique(s)

Épave

Région administrative

Côte-Nord

MRC

Manicouagan

Municipalité

Baie-Trinité

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La bouteille fait partie de la collection archéologique de référence du Québec parce qu'elle est associée à l'épave du navire Elizabeth and Mary (1690), site sur lequel elle a été trouvée lors des fouilles subaquatiques. De plus, elle témoigne d'une production espagnole, fait rare dans les sites archéologiques québécois.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La bouteille, désignée « Botjuela » dans les documents espagnols anciens et par le terme générique « Olive Jar » par les chercheurs anglophones, est en terre cuite beige orangé recouverte d'un fini blanc mat et crayeux probablement fait par essuyage. D'origine espagnole, et probablement des villes de Séville ou de Cadix dans le sud du pays, elle sert à l'entreposage et à la conservation d'aliments liquides et solides. En raison de son fond conique instable, cette bouteille est habituellement suspendue dans un filet.

L'épave espagnole du Tortugas – en fait le Buen Jesús y Nuestra Señora del Rosario – qui coula au large de la Floride en 1622, a livré près de 200 bouteilles de forme similaire, mais dont le fond est moins pointu que celle de la collection. Ces contenants renfermaient une variété de denrées liquides, dont du vin, de l'huile, du vinaigre et du miel, de même que des denrées solides comme du riz, des amandes, des noisettes, des raisins, des câpres et des olives.

Ces bouteilles sont communes aux sites coloniaux anglais et espagnols des côtes, tout en étant très fréquentes dans les épaves tant espagnoles que portugaises. La présence de poterie espagnole dans un navire colonial anglais s'explique par le commerce triangulaire en place à l'époque du naufrage. Depuis le début des années 1600, l'Angleterre domine la pêche à la morue sur la côte sud de Terre-Neuve et fournit les pays catholiques du sud de l'Europe; elle reçoit en échange de l'Espagne des fruits, des noix, du sel ainsi que de l'huile d'olive, livrée dans des bouteilles comme celle de la collection.

La bouteille espagnole connait une forte diffusion dans l'espace européen depuis le XIIIe siècle environ. Les explorations, les pêches migratoires et le trafic maritime intense qui se développent entre l'Europe et l'Amérique dès la fin du XVe siècle font en sorte que ce type de contenant se retrouve partout dans l'espace atlantique et en Europe de l'Ouest. Cet objet se diffuse aux XVIe et XVIIe siècles en territoire colonial et fait généralement partie du matériel de bord d'un navire.

Cet artéfact a été mis au jour en 1996 lors de fouilles subaquatiques réalisées dans l'épave du Elizabeth and Mary, un navire ayant fait naufrage en 1690 après le siège de Québec par sir William Phips. L'épave a été trouvée au fond de l'anse aux Bouleaux, à Baie-Trinité, dans la région de la Côte-Nord. Ce siège, entrepris en octobre par les autorités coloniales du Massachusetts, se solde par un échec et la flotte rebrousse chemin avant l'arrivée de l'hiver.

RÉFÉRENCES

MÉTREAU, Laetitia, dir. Identifier la céramique au Québec. Cahiers d'archéologie du CÉLAT, 41. Québec, CÉLAT, 2016. s.p.
NEWSTEAD, Sarah. « Merida no more: Portuguese redware in Newfoundland ». POPE, Peter E., dir. et Shannon LEWIS-SIMPSON. Exploring Atlantic Transitions Archaeologies of Transience and Permanence in New Found Lands. Woodbridge, Boydell Press, 2013, p. 140-151.