Laboratoire d'archéologie du Québec
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Broche. Face, ardillon ferméImage
Photo : Émilie Deschênes 2017, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Broche. Dos, ardillon ferméImage
Photo : Émilie Deschênes 2017, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Broche. Face, ardillon ouvertImage
Photo : Émilie Deschênes 2017, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Broche. Dos, ardillon ouvertImage
Photo : Émilie Deschênes 2017, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

LOCALISATION

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

DiDt-8 > Opération 2 > Sous-opération P > Lot 2 > Numéro de catalogue 48

Contexte(s) archéologique(s)

Épave

Région administrative

Côte-Nord

MRC

Manicouagan

Municipalité

Baie-Trinité

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La broche fait partie de la collection archéologique de référence du Québec parce qu'elle constitue un objet inusité sur le navire « Elizabeth and Mary ».

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La broche, qui est faite en argent, forme un coeur surmonté d'une couronne. Objet de parure délicat, la broche se fixe aux vêtements grâce à son ardillon attaché au coeur.

La broche entrerait dans la catégorie des objets de luxe et des bijoux, mais représente néanmoins une gamme de bijoux accessible à cette époque. Ce modèle de broche fait d'ailleurs partie de la traite des fourrures à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle. Cette époque correspond à l'apogée du « silver trade », période de troc d'objets en argent contre des peaux. Ces objets en argent étaient surtout destinés aux chefs autochtones.

La broche « Luckenbooth » se reconnaît à son motif de coeur, composé d'un coeur simple ou de deux coeurs entrelacés, souvent surmonté d'une couronne stylisée. Ce motif de coeur couronné est présent dans l'art populaire dans la plupart des pays d'Europe dès le XIVe siècle, et ce, jusqu'au XIXe siècle. Il apparaît sur des oeuvres en bois gravé ou peint, en métal, en textile, etc.

Les luckenbooth étaient des boutiques d'Édimbourg, situées dans Royal Mile entre la cathédrale Saint-Gilles et Canongate. Premières échoppes permanentes de la ville, elles abritaient des bijoutiers et d'autres artisans, et ce, à partir du XVIe siècle. Le nom « Luckenbooth » dérive de ces petits kiosques (« booth ») verrouillés (« lock ») à la fermeture.

La broche « Luckenbooth », généralement en argent, est devenue une broche traditionnelle du mariage écossais, donnée en gage d'amour par le marié à sa promise le jour des noces. Le coeur symbolise l'amour et la couronne, la loyauté. La broche est plus tard accrochée à la brassière du premier bébé pour le protéger des « esprits malins ». La première mention d'une telle broche en Écosse remonte à 1503.

À partir du XVIIIe siècle, la broche devient un symbole décoratif commun du costume traditionnel des Autochtones, et en particulier chez les Iroquois. Ils l'ont sans doute adoptée après l'avoir vue portée par les Écossais arrivés en masse dans l'Amérique du Nord britannique après la fin de la guerre de Sept Ans (1763). Il est probable en effet que quantité d'Écossais aient porté cette broche comme un souvenir qui les liait émotionnellement à leur pays natal.

Le motif du coeur couronné est parfois associé à une fonction de rappel ou de souvenir de l'être aimé dans le sens de « Forget me not ».

Cette broche est découverte en 1997 lors de fouilles subaquatiques réalisées dans l'épave du « Elizabeth and Mary », un navire ayant fait naufrage en 1690 après le siège de Québec par sir William Phips. L'épave a été trouvée au fond de l'anse aux Bouleaux, à Baie-Trinité, dans la région de la Côte-Nord. Ce siège, entrepris en octobre 1690 par les autorités coloniales du Massachusetts, se solde par un échec de la flotte anglaise.

La présence de cette broche en argent à bord du navire en expédition militaire soulève des questions. La broche a pu être apportée par un membre de l'équipage en souvenir d'un être aimé laissé derrière ou pour lui rappeler ses origines écossaises.

RÉFÉRENCES

BRADLEY, Charles, Phil DUNNING et Gérard GUSSET. « Material culture from the Elizabeth and Mary (1690): individuality and social status in a late 17th-Century New England assemblage ». ROY, Christian, dir. Mer et monde : questions d'archéologie maritime. Archéologiques, Collection Hors-série, 1. Québec, Associations des archéologues du Québec, 2003, p. 150-170.
DUNNING, Phil. « The Wreck of "Elizabeth and Mary" ». Revista de Arqueología Americana. No 23 (2004), p. 187-213.