Le fragment de pipe a été sélectionné pour la collection archéologique de référence du Québec, car il constitue un exemplaire de pipe lustrée au fourneau arrondi datant du Sylvicole supérieur (1 000 à 450 ans avant aujourd'hui). Cet objet, à la forme peu courante et au décor simple, illustre la diversité des formes et décorations présentes au sein de la production céramique de la culture iroquoienne du Saint-Laurent.

Le fragment de pipe est produit au cours du Sylvicole supérieur (1 000 à 450 ans avant aujourd'hui) par un groupe d'Iroquoiens du Saint-Laurent. Les motifs constitués de lignes incisées ainsi que la surface lustrée de l'objet sont typiques de la production céramique de ce groupe culturel. Les objets en céramique lustrés démontrant une maitrise technique sont assez rares et témoignent d'une valeur ajoutée à l'objet. Toutefois, la forme de la pipe, présentant un fourneau ovale et arrondi plus large que le tuyau, ainsi que le traitement sommaire du décor, sont beaucoup moins typiques de la culture iroquoienne du Saint-Laurent.

La pipe sert à la consommation de narcotiques, tels le tabac et divers mélanges de plantes. Pendant la préhistoire, la pipe joue un rôle important dans les rituels politiques, commerciaux et spirituels ainsi que pour des usages médicinaux. Le tabac est considéré comme une plante source de chaleur et de santé, qui favorise la communication avec les esprits. Les traces de carbonisation à l'intérieur du fourneau, ainsi que les traces de suie situées à quelques endroits sur l'objet, témoignent de l'utilisation de cette pipe. Plus rares au XIVe siècle, les pipes en céramique gagnent en popularité et deviennent plus communes au XVe siècle. Le décor de l'objet, ainsi que sa forme, servent invariablement à marquer son appartenance culturelle.

Le fragment de pipe est mis au jour en 1988 dans un remblai du niveau historique, situé près des couches préhistoriques, du site patrimonial de l'Habitation-Samuel-De Champlain, dans le secteur de Place-Royale à Québec. Le contexte archéologique préhistorique de Place-Royale est représenté par un vaste emplacement de campement autochtone situé sur la pointe de Québec. Il a été occupé à de multiples reprises sur une longue période couvrant l'Archaïque récent laurentien (5 500 à 4 200 ans avant aujourd'hui) jusqu'au Sylvicole supérieur (1 000 à 450 ans avant aujourd'hui). De nombreuses structures sont dégagées lors des fouilles archéologiques, comme des traces de piquets, des foyers ainsi que des sépultures, témoignant de la diversité des activités et des fonctions associées à ce site.