Laboratoire d'archéologie du Québec
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Cruche. Côté AImage
Photo : Émilie Deschênes 2017, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Cruche. Côté BImage
Photo : Émilie Deschênes 2017, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Cruche. Côté CImage
Photo : Émilie Deschênes 2017, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Cruche. Côté DImage
Photo : Émilie Deschênes 2017, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Cruche. Détail du décorImage
Photo : Émilie Deschênes 2017, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Cruche. Détail du décor supérieurImage
Photo : Émilie Deschênes 2017, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Cruche. Détail du décor inférieurImage
Photo : Émilie Deschênes 2017, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

LOCALISATION

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

DiDt-8 > Numéro de catalogue Vase 6

Contexte(s) archéologique(s)

Épave

Région administrative

Côte-Nord

MRC

Manicouagan

Municipalité

Baie-Trinité

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La cruche fait partie de la collection archéologique de référence du Québec parce qu'elle est associée à l'épave du navire « Elizabeth and Mary » (1690), site sur lequel elle a été trouvée lors des fouilles subaquatiques. De plus, elle témoigne de la grande diffusion au XVIIe siècle de ce type de céramique fabriqué en Allemagne

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Cette cruche de grès rhénan brun, aussi appelée bellarmine, porte un médaillon pastillé sur sa panse et un visage barbu sur le goulot caricaturant le cardinal Roberto Bellarmino, d'où le nom de bellarmine. Les deux figures sont à demi disparues.

Les grès rhénans bruns du type de cette bellarmine sont très répandus dans tout l'espace européen à partir du milieu du XVIe siècle. Ils sont reconnaissables grâce à leur médaillon et au visage barbu associé au cardinal Roberto Bellarmino (1542-1621) sur la face avant du goulot. Ces éléments sont également indicatifs de l'ancienneté de l'objet. Au XVIIIe siècle, les cruches n'arborent généralement plus ces décors.

La cruche sert à l'entreposage de denrées diverses. En Europe comme dans l'est de l'Amérique du Nord, et particulièrement dans les colonies britanniques, les bellarmines sont parfois utilisées aussi comme bouteilles de sorcière dans lesquelles sont insérés des clous, des épingles, des cheveux… ou encore des liquides comme de l'urine et qu'on prend soin ensuite de cacher. Ces bouteilles de sorcière servaient alors à se protéger du danger.

Cet artéfact a été mis au jour en 1997 lors de fouilles subaquatiques réalisées dans l'épave du « Elizabeth and Mary », un navire ayant fait naufrage en 1690 après le siège de Québec par sir William Phips. L'épave a été trouvée au fond de l'anse aux Bouleaux, à Baie-Trinité, dans la région de la Côte-Nord. Ce siège, entrepris en octobre par les autorités coloniales du Massachusetts, se solde par un échec de la flotte anglaise.

Les raids menés contre les villages frontaliers de la Nouvelle-Angleterre ont profondément frappé l'imaginaire des habitants qui ont vécu dans la peur au cours des deux décennies qui ont précédé l'expédition de Phips sur Québec et après. Les Canadiens et leurs alliés autochtones étaient considérés comme des démons par les puritains. Il est donc possible que lors de cette expédition militaire contre Québec, des membres de l'équipage du « Elizabeth and Mary », marqués par le traumatisme de ces attaques, aient pu s'en remettre à la sorcellerie pour les protéger pendant cette rude épreuve. Dans le cas présent, la cruche a également pu servir à l'entreposage d'aliments destinés à l'équipage du navire.

Étrangement, une bouteille parfaitement identique en tous points (incluant les traits du visage et les motifs géométriques du médaillon), datant de 1620-1675, a été trouvée sous l'âtre d'une vieille maison de Felmersham, dans le Bedfordshire (Angleterre) en 2001.

RÉFÉRENCES

CORLETT, David Michael. Steadfast in their ways: New England colonists, Indian wars, and the persistence of culture, 1675-1715. The College of William and Mary, 2011. s.p.
HOGGARD, Brian. « Witch Bottles: Their Contents, Contexts and Uses ». HUTTON, Ronald, dir. Physical Evidence for Ritual Acts, Sorcery and Witchcraft in Christian Britain. Londres, Palgrave Macmillan, 2015, p. 91-105.
KENCES, James E. « Some unexplored relationships of Essex County witchcraft to the Indian wars of 1675 and 1689 ». Essex Institute Historical Collections. Vol. 120, no 3 (1984), p. 179-212.
MOUSSETTE, Marcel. « L'épingle et son double en Nouvelle-France ». Les Cahiers des dix. No 60 (2006), p. 103-128.
NOËL HUME, Ivor. A guide to artifacts of colonial America. Philadelphie, University of Philadelphia Press, 2001. 323 p.