Laboratoire d'archéologie du Québec
< RETOUR À LA RECHERCHE
Plaque de bague dite « jésuite ». FaceImage
Photo : Hendrik Van Gijseghem 2019, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Plaque de bague dite « jésuite ». Vue généraleImage
Photo : Hendrik Van Gijseghem 2019, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Plaque de bague dite « jésuite ». DétailImage
Photo : Hendrik Van Gijseghem 2019, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Plaque de bague dite « jésuite ». DessousImage
Photo : Véronique Marengère 2019, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CeEt-30 > Opération 27 > Sous-opération C > Lot 92 > Numéro de catalogue 2

Contexte(s) archéologique(s)

Magasins du Roi

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La plaque de bague dite « jésuite » fait partie de la collection archéologique de référence du Québec parce qu'elle est représentative du type stylistique « motif abstrait », un décor peu répandu parmi les collections archéologiques québécoises. Elle a aussi été choisie en raison de son contexte archéologique de découverte, soit dans un entrepôt géré par l'administration coloniale.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La bague dite « jésuite » est confectionnée dans un alliage de laiton à moyen titre de zinc, qui se caractérise par une couleur dorée rappelant l'or. En Europe, au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, cet alliage est particulièrement apprécié par les gens du peuple, qui ne sont pas autorisés à porter des bijoux en métaux précieux à cause des édits somptuaires et des conventions sociales. Cette bague est associée au modèle des bagues découpées-assemblées à décor gravé. Importé de France, ce modèle aurait transité par le port commercial de Bordeaux. Ce port commence à armer régulièrement des navires pour le Canada en 1671 et domine les échanges durant les deux dernières décennies du Régime français (vers 1740-vers 1760).

La mise en forme de la bague combine plusieurs techniques pour fabriquer la plaque et l'anneau, puis pour les assembler. La fabrication de la plaque s'effectue à partir d'une grande plaque de métal dans laquelle une petite plaque ovale est découpée à la scie. La fabrication de l'anneau débute par la confection d'un fil. Celui-ci est obtenu en coulant une tige de métal dans une lingotière, puis en l'étirant par martelage ou par tréfilage à la filière. Le fil est ensuite courbé par pliage à l'aide d'une pince à mâchoires cylindriques ou par martelage sur un triboulet. La dernière étape consiste à assembler la plaque et l'anneau par brasage.

La technique de décoration utilisée est la gravure. Celle-ci consiste à entamer la surface du métal à l'aide d'un outil tranchant, comme un burin ou une pointe-sèche.

La signification du décor de type « motif abstrait » dans la société française des XVIIe et XVIIIe siècles, de même que dans l'univers culturel autochtone, demeure inconnue.

En Nouvelle-France, la bague dite « jésuite » est un objet de parure porté à la fois par les Français et les Autochtones. Elle joue également un rôle important dans les relations franco-autochtones.

Cette bague, dont l'anneau est manquant, est mise au jour en 1988 sur le site de l'îlot des Palais, à Québec. Elle provient d'une couche de sol témoignant de l'occupation et de l'incendie des magasins du roi du premier palais de l'intendant (1686-1713). Les denrées et les marchandises qui y étaient entreposées servaient à approvisionner les armées royales et l'administration coloniale. Ces magasins contenaient aussi des articles destinés au commerce et au maintien des relations diplomatiques avec les Autochtones. La bague dite « jésuite » fait son apparition sur les sites archéologiques nord-américains après 1650 et perdure jusque vers 1770-1780.

RÉFÉRENCES

CÔTÉ, Hélène. Le site du premier palais de l'intendant à Québec : rapport préliminaire de la huitième campagne de fouilles (1989). Rapports et Mémoires de recherche du CÉLAT, 22. Sainte-Foy, CÉLAT, Université Laval, 1992. 162 p.
MERCIER, Caroline. Bijoux de pacotille ou objets de piété? : les bagues dites « jésuites » revisitées à partir des collections archéologiques du Québec. Cahiers d'archéologie du CÉLAT, 34. Québec, Célat, 2012. 234 p.
MOUSSETTE, Marcel. Le site du Palais de l'Intendant à Québec : Genèse et structuration d'un lieu urbain. Nouveaux cahiers du CÉLAT, 10. Québec, Septentrion, 1994. 229 p.
QUESNEL, Annie. Le site du Premier palais de l'intendant à Québec : rapport préliminaire de la septième campagne de fouilles (1988). Rapports et Mémoires de recherche du CÉLAT, 20. Sainte-Foy, CÉLAT, Université Laval, 1991. 219 p.